mardi 18 avril 2023

39 - L'hydrogène est-il l'avenir de la voiture électrique ?

L'hydrogène est-il l'avenir de la voiture électrique ?

L’hydrogène est le gaz le plus léger de tout l’Univers : un litre de ce gaz ne pèse que 90 mg à pression atmosphérique, il est donc environ 11 fois plus léger que l’air que nous respirons.

Efficacité énergétique : Match nul

Un kilo d’hydrogène peut fournir en effet 16 kilowatts/heure (kWh) d’énergie, à comparer à la quantité d’énergie contenue dans un litre de carburant (essence ou diesel) qui est environ de 10 kWh.

Toutefois, il faut tenir compte du rendement de la chaîne de production de l’hydrogène, de son stockage sous pression, et du rendement de la pile à combustible, qui est au totale d’environ 25%. Ce qui signifie que le kilo d’hydrogène produit fournit en réalité 4 fois moins d’énergie, soit 4 kWh, à comparer aux 16 kWh d’électricité décarbonée qu’il a fallu fournir en amont de la chaîne.

Les meilleurs moteurs à combustion contemporains ont un rendement thermique d'environ 38%. Il peut atteindre 40% avec une grosse cylindrée, une injection directe et un nouveau système de réglage de phase ou de levage de la came.

Le rendement d’un moteur thermique est au mieux de de 38%, de qui signifie que les 10 kWh d’essence du réservoir ne fournissent que 3,6 kWh d’énergie réellement utilisable pour déplacer le véhicule.

L'efficacité maximale d'un moteur électrique dépend de beaucoup de paramètres. Cependant, tout moteur électrique bon marché peut atteindre environ 80% et ceux que l'on trouve dans les voitures électriques haut de gamme ont un rendement maximal de 92 à 95%.

Le moteur électrique avec ses 90% de rendement sur 4 kWh, fournira 3,6 kWh aux roues du véhicule, soit la même quantité d’énergie que le moteur thermique, ramenés à l’énergie en amont de la chaîne de production.

Toutes choses égales par ailleurs, 1 kilo d’hydrogène décarboné produit pour la propulsion d’un véhicule électrique est comparable à 1 litre d’essence utilisé dans un moteur thermique.

Coût d’exploitation : Avantage moteur électrique

La voiture à hydrogène est d’abord un véhicule électrique, pour lequel on a remplacé la batterie par un réservoir d’hydrogène qui alimente une pile à combustible qui fournit l’électricité au moteur.  Certaines voitures électriques ont un moteur sur chaque roue, ce qui permet une simplification de la transmission et une optimisation de l’utilisation d’électricité.

Les moteurs électriques coûtent moins cher à entretenir, en raison de la simplicité relative d'un système de moteur électrique par rapport à l'entretien fréquent requis pour le fonctionnement d'un système à combustion interne.

Le coût de l'électricité associé à l'exploitation d'un véhicule électrique à batterie est nettement inférieur au coût de l'essence requis pour un moteur thermique. Il est toutefois important de recharger son véhicule chez soi, le coût de la recharge sur des bornes publiques étant souvent nettement plus cher.

Pour un véhicule à hydrogène, le coût d’exploitation relatif au stockage d’hydrogène et à la pile à combustible et également très faible.  Seul le coût de production de l’hydrogène est significatif.

Coût de fabrication : Avantage moteur thermique

Les véhicules à moteurs électriques sont beaucoup plus coûteux à fabriquer que les véhicules thermiques comparables, principalement en raison du coût de la fabrication des batteries.

Les matériaux utilisés pour la construction d’un moteur thermique sont moins nombreux et beaucoup plus courants (acier, aluminium), alors que les moteurs électriques utilisent des matériaux très variés, qui de plus sont souvent en tension sur le marché mondial (cuivre, terres rares, etc.)

Dans le cas du véhicule à hydrogène, le coût du réservoir de stockage et surtout celui de la pile à combustible dont le catalyseur utilise du platine, font encore monter ce coût, à moins que les recherches en cours permettent d’utilise un autre type de catalyseur.

Stockage de l’énergie > Avantage moteur thermique

La technologie des batteries automobiles a rapidement évolué depuis la mise sur le marché de la génération actuelle de moteur thermique. Le prix par kilowattheure des batteries lithium-ion a été divisé par trois entre 2010 et 2015. Ces avantages en matière de coûts sont toutefois entièrement compensés par une foule d'autres facteurs économiques.

Malgré tout, il faut tenir compte du prix du lithium nécessaire à la fabrication des batteries qui risque d’augmenter avec la tension internationale sur la disponibilité de ce matériau, ou d’autres matériaux utilisés comme le cobalt. Des technologies beaucoup moins chères utilisant du sodium en lieu et place du lithium sont développées par le CEA, mais leur capacité de stockage est moindre. On peut considérer que la technologie lithium-ion est l’optimum de ce que peut faire la chimie à ce jour en termes de rapport poids/énergie stockée, et on ne voit pas comment on pourrait faire mieux à grande échelle.

Par ailleurs, le temps nécessaire à la recharge de la batterie est un gros inconvénient.

Stockage de l’hydrogène > Avantage moteur thermique

Le coût et la masse du réservoir de carburant d’un véhicule thermique sont pratiquement négligeables, à comparer aux difficultés techniques du stockage de l’hydrogène.

En effet, il faudrait un volume d’environ 11 m3, c’est-à-dire le volume du coffre d’un grand utilitaire, pour seulement stocker 1 kg d’hydrogène, soit la quantité nécessaire pour parcourir 100 km. Il est donc indispensable d’augmenter sa densité et plusieurs techniques existent pour cela.

La méthode la plus simple permettant de diminuer le volume d’un gaz à température constante, est d’augmenter sa pression. Ainsi, à 700 bars, l’hydrogène possède une masse volumique de 42 kg/m3 contre 0.090 kg/m3 à pression et température ambiante. À cette pression, on peut stocker 5 kg d’hydrogène dans un réservoir de 125 litres.

Aujourd’hui la majeure partie des constructeurs automobiles a retenu la solution du stockage sous forme gazeuse à haute pression. Cette technologie permet de stocker la quantité d’hydrogène nécessaire à une voiture alimentée par une pile à combustible pour parcourir de 500 à 600 km entre chaque plein. Le stockage de l’hydrogène liquide sous forme cryogénique est réservé aux moteurs de fusées, étant donné la complexité de sa mise en œuvre.

Le gros avantage de l’hydrogène est que la durée nécessaire à faire le plein du réservoir, est comparable à celui du plein d’un véhicule à moteur thermique.

Un partenariat entre le Centre à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et son partenaire industriel, l'entreprise française RAIGI, ont conçu et fabriqué un réservoir à hydrogène de type IV, d’une capacité de 62 litres à une pression nominale de 700 bars.

La coque est en matériau composite de fibres de carbone, mais qui doivent, pour des raisons de résistance mécanique, être enroulées de façon extrêmement précise pour ne laisser aucun point faible sur l'ensemble de la coque. Le robot industriel à 8 axes, mis au point au CEA, permet l'enroulement filamentaire de 200 000 km de fibres autour d’une vessie de plastique intérieure au réservoir en quelques dizaines de minutes.



Réservoir d'hydrogène 700 bars

C'est le laboratoire du CEA Le Ripault qui a conçu durant 15 ans de recherche ce réservoir adapté aux voitures et qui permet de charger 2,5 kg d'hydrogène. Les voitures électriques à pile à hydrogène japonaises (Toyota et Honda) et coréennes (Hyundaï) proposent 2 réservoirs à 700 bars pour 5 kg d'hydrogène embarqués, pour une autonomie de 500 km du véhicule.

Coûts de l’énergie > Avantage moteur électrique

L’hydrogène peut être produit par différentes techniques, le vaporeformage du méthane, très émetteur de CO2, et l’électrolyse de l’eau procédé totalement décarboné.

L’hydrogène est actuellement un gaz industriel important : 75 millions de tonnes sont fournies annuellement à l’industrie chimique, près de 45% pour le raffinage pétrolier (désulfuration), presque autant pour la production d’ammoniac et d'engrais azotés, environ 10% pour les industries alimentaires, électroniques et métallurgiques et enfin près de 1% pour la propulsion spatiale des fusées par combustion d’hydrogène et d’oxygène liquides.

La France produit près d’un million de tonnes d’H2 par an, soit 1,5% de la production mondiale (contre de l'ordre de 10 Mt par an pour les États-Unis(1) ou la Chine).

Vaporeformage du méthane : une catastrophe pour l’écologie

Aujourd’hui, l’hydrogène pour l’industrie est produit quasi intégralement (à 96%) en l’extrayant du gaz naturel sous l’action de la vapeur d’eau surchauffée. Ce vaporeformage du méthane, après désulfurisation du gaz naturel, se fait en deux étapes à haute température (entre 700°C et 1 000°C) où sont rompues les liaisons de l’hydrogène (dans l’eau avec l’oxygène, dans le méthane avec le carbone) :

Des catalyseurs métalliques sont utilisés (nickel, fer, chrome, cuivre) pour faciliter les réactions. Le vaporeformage est associé à une très lourde émission de CO2 : pour une tonne de H2 produite, 10 à 11 tonnes de CO2 sont produites et en général émises dans l’atmosphère.

Le vaporeformage est le procédé le plus économique actuel pour produire l’hydrogène industriel. Évalué à 1,5 €/kg, son coût au kg reste cependant le triple de celui du gaz naturel hors taxe carbone (donc en ne tenant pas compte de sa lourde empreinte environnementale).

L’électrolyse de l’eau : une alternative écologique 

De l'ordre de quelques pour cent de la production annuelle d’hydrogène seulement sont produits par électrolyse alcaline, le vaporeformage étant incapable d’atteindre « l’ultrapureté » nécessaire aux laboratoires de recherche et à l’industrie des semi-conducteurs.

Le procédé d’électrolyse alcaline est à ce jour une technologie éprouvée, l’eau y est décomposée entre deux électrodes monopolaires baignant dans un électrolyte basique (potasse). Ce procédé très consommateur d’électricité permet de considérer l’hydrogène produit une forme de stockage de l’électricité, dont on a vu que le rendement des de l’ordre de 25%.

L’électrolyse alcaline produit de l’hydrogène ultra-pur à un coût qui est environ quatre fois celui du vaporeformage (de l'ordre de 6€/kg).

Dans le contexte d’une transition énergétique globale s’intensifiant et l’hydrogène décarboné fait l’objet d’une production croissante, il apparaît probable que le reformage du méthane disparaîtra progressivement.

 

En conclusion

Pour parcourir 100 km, l’automobiliste devra dépenser :

  • 10 € avec un véhicule à moteur thermique (pour 5 litres de carburant)
  • 2 à 3 € un véhicule électrique à batterie rechargé chez soi, le double sur autoroute ou sur une borne publique selon le type d’abonnement (pour 12 à 20 kWh selon le type de véhicule)
  • 12 à 15 € avec un véhicule électrique à hydrogène produit par vaporeformage du méthane (pour 1 kg d’hydrogène)

Le prix à la pompe de l’hydrogène est supérieur à celui de la production, car il inclut les coûts de distribution, des taxes et une marge commerciale pour amortir les investissements. On peut imaginer que le coût à la pompe restera du même ordre lorsque seront développés les procédés de production décarbonés encore expérimentaux qui sont beaucoup plus chers à ce jour, ceci pour des raisons commerciales.

 

Annexe technique sur les technologies permettant de produire
de l’hydrogène à partir d’une source d’électricité.

L’électrolyse alcaline

L’électrolyse alcaline fonctionne à température moyenne (80°C à 160 °C) et à pression modérée (3 à 30 bars) avec la potasse comme électrolyte liquide. Son bon rendement (60% à 70%) est associé à une forte inertie qui la rend mal adaptée aux fluctuations rapides des sources électriques intermittentes. Des améliorations de la réactivité de ces électrolyseurs par augmentation de pression ont été récemment obtenues.

Actuellement, l’effort se porte vers des architectures modulaires lourdes qui pourraient atteindre 100 MW (25 x 4 MW) pouvant produire plus de 40 tonnes par jour d’hydrogène (et 8 fois plus d’oxygène). Ces électrolyseurs sont destinés aux transports (stations pour poids lourds et grandes flottes) et à l’industrie pour rivaliser avec le vaporeformage, mais aussi pour combler l’écart en coût (facteur 3), des effets de série considérables seront nécessaires, assortis de ruptures technologiques significatives.

L’électrolyse P.E.M. (Proton Exchange Membrane)

Ces électrolyseurs utilisent un électrolyte solide fait de membranes polymères conductrices de protons H+. Les P.E.M. sont dans l’ensemble supérieurs aux électrolyseurs alcalins, en particulier en rendement (+ 5%), leur handicap étant un prix nettement plus élevé à cause du coût de la membrane et des catalyseurs (métaux nobles).

Leur réactivité élevée en fait une solution adaptée à des sources intermittentes. Enfin, c’est une technologie déjà éprouvée, l’oxygène des sous-marins et des stations spatiales étant produite par électrolyse P.E.M. Un des atouts majeurs, bien qu’indirect, de la technologie P.E.M. est de bénéficier des efforts de R&D sur les piles à combustible qui sont aussi des technologies P.E.M. Des prototypes de systèmes P.E.M./PAC réversibles sont déjà en cours d’expérimentation en laboratoires.

L’électrolyse à haute température (HTE)

La température de l’électrolyse conditionne directement la quantité d’électricité complémentaire à apporter pour dissocier la molécule d’eau. Dès les années 2000, l’amélioration du rendement des électrolyseurs à électrolytes solides (PEM ou SOEC pour Solid Oxyde Electrolysis Cell) par augmentation de leur température a fait l’objet d’un important effort de recherche.

En 2014, le CEA-Liten a annoncé avoir atteint un rendement de 90% (3,5 kWh/Nm3 H2) à partir de vapeur d’eau injectée à 150°C et produisant de l’hydrogène à 700°C. En 2018, l’électrolyse HT était ainsi mise au premier plan comme une « brique de base » de l’initiative gouvernementale « Plan Hydrogène » avec le soutien du CEA/Liten.

L’électrolyse à haute température est présentée comme le maillon-clé d’une production d’hydrogène décarboné compétitive, associée à une électricité intermittente (ou nucléaire, celle-ci fournissant de plus, en cogénération, la chaleur décarbonée à haute température thermodynamiquement optimale).

Coûts de l’hydrogène produit par électrolyse

Ce sujet est un objet d’évaluations parfois très divergentes entre partisans du stockage de l’électricité par batteries et promoteurs des solutions tout-hydrogène, sur fond d’affrontements sur les coûts réels des électricités d'origine renouvelable intermittente ou nucléaire.

En août 2014, France Stratégie avait publié une note approfondie et pessimiste sur l’économie d’une filière hydrogène(3). Ce rapport évaluait les coûts de la production d'hydrogène par électrolyse à au minimum 6 à 7 €/kg, avec une valeur moyenne de 12 €/kg suivant les scénarios envisagés, ces coûts dépendant étroitement de celui de l’électricité. Rappelons que le prix de l’hydrogène à la pompe (Air Liquide) est actuellement de l'ordre de 10 à 12 €/kg au minimum pour une autonomie maximale de 100 km/kg H2 (estimation Daimler pour un rendement PAC de 50 à 60%).

Fin 2017, « le plan de développement de l’hydrogène pour la filière énergétique » lancé par Nicolas Hulot se fondait sur la prolongation de la forte baisse des coûts de l’électrolyse PEM observée depuis 2010 (coûts divisés par 4), en l’évaluant entre 4 et 6€/kg pour 4 000 à 5 000 h de production par an et en l’extrapolant à 2/3€/kg en 2030 (soit des coûts compétitifs avec le reformage du méthane).

En 2018, Morgan Stanley, dans une étude s’étendant jusqu’à l’horizon 2050(4) construisait sa prospective sur l’hypothèse d’une profonde et durable baisse du coût de l’électricité sous l’effet d’une offre surabondante venue du développement mondial des énergies renouvelables intermittentes, en particulier dans les pays émergents. L’hydrogène produit par électrolyse au pied des parcs éoliens et solaires s’imposerait alors comme le vecteur-énergie dominant de la décarbonation globale, Morgan Stanley prévoyant un marché mondial de l'hydrogène passant de 130 G$ en 2017 à 2 500 G$ en 2050, avec un prix à la pompe inférieur à 1 €/kg.

 Sources :

Moteur thermique versus moteur électrique : lequel est plus avantageux ? 📚

https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/production-de-lhydrogene


mardi 11 avril 2023

38 - L'éolien en mer est encore plus cher que le nucléaire

 Offshore wind is even more expensive than nuclear

8 april 2023 ~ extremely biased

Image: TenneT


Je vous propose la traduction de cet article du néerlandais Jan Piet van der Meer, partagé par Fabien Bouglé sur Twitter, qui va dans le sens de mon article précédent.

https://extremelybiased.wordpress.com/2023/04/08/offshore-wind-is-even-more-expensive-than-nuclear/

L'auteur soulève un aspect que je n’ai pas pris en compte dans mon analyse précédente, c'est le coût des raccordements aux parcs éoliens (Sockets) qui sont fournis contractuellement par RTE. En effet,  la plateforme en mer (photo) , les câbles sous-marins et la station de transformation au sol pour le raccordement au réseau, sont des installations que l'opérateur n'a pas à payer, et qu’on ne prend pas en compte habituellement dans le cout du renouvelable.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

L'éolien en mer est encore plus cher que le nucléaire

On me répète sans cesse que l'énergie nucléaire est trop chère. Et c'est vrai, la construction d'une grande centrale nucléaire coûte des milliards. Je réponds généralement que si l'énergie nucléaire est chère, la construction d'un système électrique alimenté par des énergies renouvelables n'est pas moins chère.

Cette réponse est rarement contestée et c'est probablement parce que la plupart des gens n'ont aucune idée de ce que coûte réellement un système électrique alimenté par des énergies renouvelables. Et c'est compréhensible, car de nombreux systèmes qui feraient partie d'un tel système renouvelable n'existent pratiquement pas et, s'ils existent, leur taille ou leur échelle est de plusieurs ordres de grandeur inférieure à ce qu'ils devraient être dans un système réel. On peut penser aux électrolyseurs, au stockage sur batterie à grande échelle, aux navires à hydrogène, aux connexions réseau à longue distance, etc.

C'est donc là que le débat s'arrête : bien que nous ayons une idée approximative de ce que coûte la construction d'une centrale nucléaire, nous n'avons aucune idée de ce que coûte l'alternative renouvelable. Oui, nous connaissons tous les graphiques des coûts nivelés de l'énergie (LCOE) des éoliennes et des panneaux solaires, qui ne cessent de diminuer - ces derniers temps, ils sont en fait à la hausse, et non à la baisse -, mais il faut beaucoup plus pour construire un système électrique fiable qui permette de garder les lumières allumées. Les chiffres du LCOE ne nous indiquent que le coût d'un kWh lorsque le vent souffle ou que le soleil brille, mais pas le coût de l'électricité lorsqu'il n'y a pas de vent ou de soleil.

C'est pourquoi nous avons tendance à nous enfermer dans l'argumentation.

Pourtant, l'autre jour, je suis tombé sur une nouvelle qui pourrait enfin nous permettre d'aller un peu plus loin dans cette discussion : une annonce du fournisseur de réseau haute tension TenneT, détenu à 100 % par l'État néerlandais, sur le coût de réalisation de l'infrastructure de réseau offshore fournie gratuitement aux promoteurs de parcs éoliens offshore pour qu'ils puissent s'y raccorder. Ces sockets offshores, comme nous les appelons, ont un seul objectif : transférer l'énergie produite par les parcs éoliens offshore vers le littoral néerlandais. Sans les parcs éoliens, ces sockets ne seraient jamais construits. Il n'y en aurait pas besoin. Et bien sûr, sans la mise à disposition gratuite de ces sockets, il n'y aurait pas d'éoliennes en mer. L'éolien offshore serait trop cher s'il devait supporter le coût des connexions au réseau offshore.

J'insiste sur cette dépendance entre les parcs éoliens en mer et le réseau en mer, car même si le réseau est fourni gratuitement, nous ne pouvons pas avoir d'éoliennes en mer sans le coût du réseau en mer. Ils font partie intégrante des coûts associés à l'éolien en mer. C'est comme avoir un pont sans fondations. Il ne fonctionne pas. De même, si vous choisissez une autre forme de production d'électricité, comme l'éolien terrestre, le solaire ou le nucléaire, vous pouvez économiser l'argent dépensé pour le réseau offshore.

Voici l'article de TenneT :

"TenneT attribue des stations de conversion on- et offshore et une technologie CCHT d'une capacité totale de 22 gigawatts.

Et voici le texte : "Le volume total des onze commandes [pour la construction du réseau] s'élève à environ 23 milliards d'euros.

C'est de l'argent sérieux. Sérieux dans le sens où les centrales nucléaires coûtent très cher. Mais là, il ne s'agit que du réseau qui transfère l'électricité de A à B. Ce qui manque, c'est le parc éolien qui doit produire cette électricité.

Je ne suis pas un grand partisan de l'éolien en mer, et je n'ai donc pas sous la main de grandes archives sur les coûts des parcs éoliens en mer, mais Google m'a suggéré ce qui suit :

    Le magazine technique néerlandais "De Ingenieur" fait référence au "Rekenkamer", une organisation gouvernementale qui fixe les coûts de l'éolien offshore entre 1,5 et 2 millions d'euros/MW.

    Energyglobal.com fait référence à Rystad Energy qui estime les coûts d'une éolienne offshore de 14 MW comme suit : turbine 12,3 + fondation 4 + installation de la turbine 1 + installation de la fondation 1 = 18,3 millions d'USD. Le coût du réseau d'interconnexion n'est pas indiqué. Cela équivaut donc à 18,3/14 MW * 0,92 EUR/USD = 1,2 million d'euros/MW.

Prenons le chiffre le plus généreux : les nouvelles éoliennes en mer coûtent 1,2 million d'euros/MW.

Le coût du parc éolien offshore total de 22 GW devient alors : 23 (réseau) + 22 * 1,2 (éoliennes) = 49,5 milliards d'euros.

Mais il s'agit de la capacité installée ; pour obtenir la puissance moyenne équivalente fournie au cours de l'année, il faut multiplier par le facteur de charge. En 2021, le facteur de charge de l'éolien offshore néerlandais était de 39 %, mais les nouveaux parcs éoliens sont situés plus au large, avec des turbines plus grandes, ce qui se traduira par des facteurs de charge plus élevés. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que le facteur de charge des nouveaux développements offshore se situe entre 40 et 50 %. Prenons le chiffre le plus généreux et fixons le facteur de capacité à 50 %.

Cela signifie qu'un parc éolien offshore d'une puissance moyenne continue de 11 GW coûte environ 50 milliards d'euros.

Cela résout une partie de l'équation, il faut maintenant s'occuper du nucléaire. Comme tout le monde le sait, à l'instar de l'éolien en mer, les coûts du nucléaire sont très élevés. La construction d'une centrale nucléaire nécessite beaucoup d'argent et il faut plusieurs années pour construire la centrale avant qu'elle puisse commencer à produire de l'électricité et rembourser les emprunts. L'histoire a également montré que, surtout dans le monde occidental, les projets sont retardés, ce qui peut augmenter les coûts de manière significative. En définitive, la construction d'une centrale nucléaire n'est pas sans risque financier, ce qui explique que les marchés financiers appliquent des taux d'intérêt élevés. En conséquence, les coûts de financement du nucléaire peuvent atteindre 50 à 70 % de la valeur du projet.

Il existe toutefois un moyen de contourner ce problème : les gouvernements peuvent emprunter à des taux d'intérêt nettement inférieurs. Selon une étude récente réalisée par le cabinet de conseil néerlandais Witteveen en Bos, les coûts de financement tombent à environ 10 %. Et puisque le même gouvernement fournit l'infrastructure offshore pour les parcs éoliens, il est justifié de supposer qu'au moins 50 % du projet nucléaire est réalisé par le gouvernement et il pourrait s'agir du même TenneT que celui qui fournit les réseaux offshores.

Les coûts de financement étant fixés à 10 %, il ne manque plus que le prix d'une centrale nucléaire. Le rapport de Witteveen en Bos indique ce qui suit (traduit) : "La référence pour le coût du capital au jour le jour (OCC) pour les projets actuels d'énergie nucléaire est estimée à 3520 euros/kW." Cela signifie qu'un EPR français de 1600 MW nécessite un capital de 5,6 milliards d'euros.

Si l'on ajoute les 10 % de coûts de financement, un EPR coûte 1,1 * 5,6 = 6,2 milliards d'euros.

Comparons maintenant avec le parc éolien de 11 GW. Supposons qu'une centrale nucléaire ait un facteur de capacité de 93 %, alors nous avons besoin de 11 GW / 1,6 GW / 0,93 = 7,4 centrales nucléaires EPR qui coûtent 7,4 * 6,2 = 46 milliards d'euros.

Les 11 GW d'énergie nucléaire coûtent donc 46 milliards d'euros, soit environ 10 % de moins que l'éolien en mer.

Mais en réalité, le nucléaire est beaucoup moins cher que l'éolien en mer, pour les raisons suivantes :

    - Le nucléaire fournit de l'électricité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce qui n'est pas le cas de l'éolien. L'éolien a besoin d'une réserve qui n'est pas prise en compte dans cette comparaison.

    - Les centrales nucléaires modernes ont une durée de vie de 60 ans, soit environ trois fois plus que l'éolien en mer. Il faut donc remplacer les éoliennes offshores deux fois pendant la durée de vie d'une centrale nucléaire. Ces coûts n'ont pas été pris en compte dans cette comparaison.

    - Le nucléaire fournit une puissance continue à la capacité nominale (11 GW dans cet exemple), ce qui signifie que le réseau en aval peut être dimensionné grosso modo à la même capacité. L'éolien, en revanche, fournit une puissance comprise entre 0 et 22 GW, ce qui signifie que le réseau en aval doit être nettement plus grand que pour le nucléaire. Ces coûts n'ont pas été pris en compte dans cette comparaison.

Vous pouvez maintenant jouer avec les chiffres et faire différentes hypothèses, mais cela ne changera pas le fait de base :

Si les gens se plaignent que le nucléaire est tellement cher qu'il n'y a "pas de rentabilité", ils devraient être cohérents et reconnaître qu'il n'y a pas non plus de rentabilité pour l'éolien en mer.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)


lundi 3 avril 2023

37 - Halte aux idées reçues sur le coût des énergies renouvelables

 

Halte aux idées reçues sur les énergies renouvelables

Pourquoi le coût complet des énergies renouvelables est-il très largement sous-estimé dans les médias ?

Une affirmation que l’on entend très souvent faire par des journalistes ou autres invités sur les plateaux de télévision sans aucune légitimité scientifique, est que le coût de l’éolien serait bien inférieur au coût du nucléaire, sans préciser de quoi on parle.

On entend aussi très souvent dire, ou lire dans des articles recherchant le sensationnel, que les 250 MW d’un parc éolien maritime construire permettront d’alimenter environ 40 000 foyers. Cette affirmation suppose implicitement que ces foyers ont un contrat de 6 kW, et qu’on ne prend en compte que de la consommation d’électricité résidentielle, sans aucune industrie ou autre installation publique. Quoiqu’il en soit, dans tous les cas, cette affirmation est fausse.

La réalité est que ces 250 MW éoliens produiront au mieux chaque année 3500 MWh, soit la consommation électrique annuelle de moins de 600 foyers, qui n’auraient de l’électricité que 40% du temps.

Détail du calcul : 250 MW x 365 jours x 24 heures x 40% = 3500 MWh
Consommation annelle d’un foyer de l’ordre de 6 MWh (vérifiez votre facture)


Mégawatts et mégawattheures, késako ?

Il faut en effet comparer des choses comparables. Comparer le coût du MW éolien ou solaire au coût du MW nucléaire n’a pas de sens, étant donné leurs profils de production électrique très différents. Il faut en effet faire la différence entre la puissance d’une installation exprimée en MW, et la quantité d’électricité produite, que l’on exprime en MWh.

Prenons l’exemple d’un radiateur électrique d’une puissance de 2000 W, si vous l’utilisez pendant 5 heures, il consommera 10 kWh qui seront mesurés par votre compteur Linky et pris en compte dans votre facture d’électricité. Si vous ne l’utilisez pas, il ne vous aura coûté que le prix que vous avez payé pour son installation.

C’est la même chose pour une éolienne, ou des panneaux solaires, qui sont des producteurs d’électricité. Quand il n’y a pas assez (ou trop) de vent, les éoliennes quelque soient leur puissance de 2 ou 8 MW ne produisent rien, soit zéro kWh, de même pour les panneaux solaires, chaque nuit ou journée sans soleil.

La quantité d’électricité produite dépend donc de la durée réelle de la production au fil du temps, et non pas de la puissance maximale qui est généralement rarement atteinte. Cette notion est exprimée par ce qu’on appelle le « facteur de charge » qui représente sur un temps donné (généralement un an) le pourcentage d’un temps de fonctionnement à pleine puissance qui produirait la même quantité d’électricité. Par exemple, un panneau solaire qui fonctionnerait 8 heures par jour à pleine puissance d’ensoleillement aurait un facteur de charge de 33%. Dans la pratique, cela dépend de la saison, de la latitude et de la météo, et on observe plutôt une moyenne de 12 à 16% pour le solaire en France.

Les éoliennes terrestres ont un facteur de charge constaté de 20 à 25%, et les éoliennes en mer sont données pour 40 à 45%, ce qui reste à prouver sur les côtes françaises.

Le fait d'annoncer que le coût du MWh éolien serait inférieur au MWh nucléaire est donc une infox qui ne tient pas compte des réalités suivantes :

          - Le nucléaire avec un facteur de charge de l'ordre de 80% n'est pas comparable à une énergie intermittente à 40% comme l’éolien maritime. Il faut en effet prendre en compte pour le renouvelable, du coût du système électrique complet, avec les installations qui permettent de couvrir les besoins des jours sans vent et la nuit (pour le solaire), soit un stockage de l'électricité (hydraulique, batteries, hydrogène), soit le plus souvent une production par des centrales à gaz ou même au charbon comme en Allemagne (lignite !). Nous avons donc au minimum un facteur 2 en faveur du nucléaire.

- Une éolienne ne dure que 20 à 25 ans (et encore je suis curieux de voir ce que vont durer les éoliennes marines) alors qu'une centrale nucléaire de type EPR est conçue pour durer au moins 60 ans. Ce qui fait qu’il faudra reconstruire 3 fois les éoliennes sur la même période. Nous avons donc encore un facteur 3 en faveur du nucléaire.

          A ce stade du raisonnement, on voit qu’il faut multiplier le coût du MWh éolien par un facteur 6 pour le rendre comparable au coût du MWh nucléaire.

Vers un monde totalement décarboné ?

Par ailleurs, ce qui n’est jamais pris en compte dans les calculs de coûts de construction, c’est que les éoliennes et panneaux solaires sont actuellement construits (notamment en en Chine) en utilisant principalement des énergies fossiles.  En effet, dans un monde totalement décarboné et sans énergies fossiles, il faudrait également prendre en compte le coût de l'extraction des minéraux et de la production des métaux et matériaux nécessaires à la construction d'éoliennes ou panneaux solaire exclusivement à partir d’énergies renouvelables sans nucléaire.

On voit que pour la construction des générations suivantes d’éoliennes ou de panneaux solaires avec des énergies décarbonées, il faudrait multiplier par le même facteur 6 leurs coûts de fabrication si on s’interdit le nucléaire.

Cette dernière affirmation est cependant très théorique, car  le scénario M0 tout renouvelable sans nucléaire de RTE proposé en 2021 est totalement irréaliste techniquement, c'est du pipeau à l'attention des esprits crédules qui ont envie d'y croire, et qui n'ont pas lu les prérequis techniques qui sont pourtant listés dans le rapport, et dont la plupart relèvent de la science-fiction.

Dire que le renouvelable est moins cher que le nucléaire est au minimum une erreur d'appréciation, voire une fausse information.


Pour le collectif "Vigies de la côte des Avens"
Jean-Paul Arnoul

Voir aussi :

https://vigiesdesavens.blogspot.com/2021/10/08-le-vrai-cout-de-leolien.html

https://vigiesdesavens.blogspot.com/2023/03/35-pourquoi-faut-il-abandonner-les.html




dimanche 2 avril 2023

36 - Synthèse des réflexions du collectif lors de la réunion du 22 mars dernier

NOUVEAU CONTEXTE  

Fin du gaz abondant et bon marché

Les sanctions prises contre la Russie (plus d'information disponible sur demande) et le sabotage de NordStream (plus d'informations disponibles sur demande) privent l’Europe d’une fourniture de gaz abondante et bon marché (par pipeline) indispensable à son économie et en particulier à celle de l’Allemagne (moteur industriel de l’Europe) qui avait misé sur les énergies renouvelables dépendante du gaz aux 3/4 pour assurer son intermittence.

Cette fourniture s’avérait pourtant prometteuse avant les sanctions du fait du partenariat ARTIC entre Novateck et TOTAL et la découverte de nouveaux gisements en mer noire.

La France est provisoirement moins impactée par la pénurie de gaz grâce au nucléaire initié par la clairvoyance du général de Gaulle, de Pompidou et de Giscard d’Estaing, époque où nos dirigeants faisaient leur travail « gouverner c’est prévoir » pour le bien du pays en toute indépendance (conf. Europe, USA, opposition, lobbies…).

Nous sommes toutefois impacté par le prix de l’électricité indexée sur le prix du gaz par la commission européenne alors que celle-ci devrait être pratiquement gratuite en France du fait que la quasi totalité de notre électricité provient d’infrastructures (barrages, centrales nucléaires) amorties depuis belle lurette et qu’aucun investissement d’ampleur n’a été effectué depuis.

Le gaz russe transporté par pipeline était en outre plus vertueux que le gaz de schiste américain ou le GNL (gaz de Pétrole liquéfié) nécessitant des infrastructures de liquéfaction et de transport (il faudra demander à la commission européenne si le gaz de schiste liquéfié est toujours une énergie verte).

Croisons les doigts pour que les BRICS (
Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), auxquels la plupart des pays producteurs d’hydrocarbures semblent vouloir adhérer, ne s’entendent pas pour fermer le robinet à l’Europe.

Atermoiement autour du nucléaire

Suite à l’augmentation du prix de l’énergie, la commission d’enquête du SENAT, au classement du Nucléaire comme énergie verte par la commission européenne… il semble y avoir aujourd’hui un consensus pour le nucléaire.

Pour autant le revirement « pro-nucléaire » de notre gouvernement ne se traduit pas dans les actes.
- l’énergie est toujours entre les mains des intégristes du ministère de l’écologie au lieu d’être intégré au ministère de l’industrie (seul compétent).
- Élisabeth Borne (ancienne
ministre de la Transition Écologique et Solidaire) qui a fermé Fessenheim et présenté la liste nominative des 24 réacteurs suivants est notre première ministre en poste.
- on ne parle plus du réacteur à neutron rapide ASTRID (abandonné unilatéralement par Macron en 2019 au prétexte que l’uranium n’était pas cher) qui était pourtant l’avenir du nucléaire avec entre autre l’avantage d’utiliser les déchets de nos anciennes centrales, nous assurant une autonomie pour plusieurs centaines d’années.
- les 6 +8 EPR2 planifiés entre 2035 et 2050 (et d’hypothétiques SMR) seront insuffisant et arriveront trop tard pour remplacer l’ensemble de nos centrales  construites entre
1977 et 1981. Elles auront alors respectivement entre 69 et 73 ans en 2050, et on peut supposer qu'on les prolonge jusqu'à 70 ans au mieux.
Ces centrales représentent encore à ce jour 63 TW. En comparaison
la puissance de 6 EPR2 serait de 1 670 MW x 6 = 10,02 TW, et 14+1 EPR = 24 TW
Pour mémoire, Valeri Giscard d’Estaing a construit 14 réacteurs en 4 ans qui sont toujours fonctionnels.

- Il en résulte que nos gouvernants comptent toujours sur les énergies renouvelables et une réduction de la consommation d’électricité alors qu’il faudrait au contraire l’augmenter pour assurer la transition électrique des secteurs qui produisent le plus de CO2 (chauffage, transport, industrie...).

Nous sommes ainsi condamnés aux 50 parcs éoliens offshore (soit 100 TW) planifiés au mieux entre 2035 et 2050 avec une  simplification des procédure pour les imposer.
(480 MW installé, soit 168 MW produit x 50 parcs = 8 400 MW = 8,4 TW

6 EPR2 : 1 660 MW x 6 = 10,02 TW + 50 parcs éolien offshore : 8,4 TW  = 18,6 TW

Au-delà de 2050, lorsque toutes nos centrales actuelles seront hors d’âge (69 et 73 ans), on aura une puissance électrique installée de 40 TW (éolien offshore) 32 TW (éolien terrestre)  et 100 TW de solaire + 27 TW (EPR+SMR) + moyens de flexibilité 54 TW, on arrive à un total installé de 300 TW dont 9% de nucléaire, représentant compte tenu des facteurs de charge une production de 770 TWh annuels, dont seulement 25 % de nucléaire (voir détail du calcul ci-après)


Le tissus industriel Français a théoriquement la capacité de construire des EPR 2 qui sont une version optimisée d'EPR tenant compte des erreurs commises sur les EPR déjà construits, ou en construction,  mais bute sur leur financement du fait de notre endettement abyssal, et sur les délais de la procédure


Le choix massif de l’éolien offshore se justifie au yeux de nos gouvernants du fait que celui-ci est financé par des promoteurs en échange de la garantie de vendre en priorité leur électricité à 4 fois le prix du marché durant la vie de l’installation (le promoteur touchera en outre une subvention européenne de 2,8 milliard d’euros rien que pour les éoliennes de Bretagne sud).


Spécificité de l’éolien flottant

Héritière des technologies utilisées pour les plateformes pétrolières ou gazières
- possibilité de les installer dans des eaux plus profondes
- éloignées à plus de 16 km des côtes  
- vents marins puissants (à voir ne bénéficiant plus de la brise de mer) et réguliers.
- facilités de construction, de maintenance et de démantèlement.
- moins de forages profonds : probablement moins d’impact sur la faune marine (en particulier les cétacés)
- probablement moins d’impact sur les oiseau migrateur
- une plus grande masse métallique = plus de corrosion et probablement plus d‘anodes sacrificielles


ACTIONS ENVISAGÉES

Comme c’est le premier parc éolien flottant programmé en France qui fera donc jurisprudence, la revendication de distance (réclamée par l’ensemble des participants lors de la consultation publique) permettant une meilleure acceptation pourrait obtenir une certaine écoute pour éviter la vindicte populaire.

- Le calcul donne une distance de 69 km pour que des éoliennes de 260 m de haut disparaissent sur l'horizon. 

- On peur toutefois estimer qu'à 40 km de la côte on ne devrait plus voir les mâts avec leurs lumières clignotantes, ni la station de raccordement. Ce qui serait un moindre mal, les pales plus fines et en mouvement étant moins voyantes (à confirmer).
- Nous pensons qu'il  faut axer notre combat sur le fait de faire reculer ce parc (nous n’arriverons pas à le faire annuler) 

- RTE nous avait indiqué qu’il ne pouvaient aller au delà de 100m de profondeur sans engendrer des coûts supplémentaires mais une publications d’ingénieurs dit que 200m était envisageable - (

- Toutefois d'après Eric Guillot du collectif Gardiens du Large il semble qu'on ne peut reculer le parc que de 6 km au maximum, car au-delà, nous sommes en zone ZEE (Zone Économique Exclusive), et de de fait il n'y aura pas de compensation financière par la taxe éolienne pour les communes et que nous rentrons dans la zone réservée à la Marine Nationale pour ses essais.

- Concernant la ZEE (200 miles marins des côtes) je pensais que la compensation financière était réservée uniquement à la commune accueillant l’atterrage (à confirmer). Dans le cas contraire, si les éoliennes n’occasionnent plus de gène, la compensation pour les autres communes n’est pas nécessaire (ce qui serait un argument pour le promoteur).

- Concernant le refus de la marine national de déplacer sa zone d’essais, il me semble que la mer est assez vaste pour qu’ils fassent leurs essais ailleurs (à négocier).

Pour le Collectif,

François Naslin


40 - Index des articles déjà parus

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