samedi 16 octobre 2021

08 - Le vrai coût de l’éolien

 L’éolien est-il moins cher que le nucléaire ?

Barbara Pompili dans son discours du 20 juillet 2021 :

« Je suis soucieuse de l’argent du contribuable, l’éolien coûte moins cher que le nucléaire. »

Que faut-il penser de cette affirmation ?

Exercice

Soit un opérateur qui veut investir dans la construction de 30 éoliennes de 8 MW en Bretagne sud, après avoir été sélectionné par la Commission de Régulation de l’électricité dans le cadre d’une consultation. Il est choisi pour installer une puissance éolienne totale de 250 MW.

Le parc éolien produira chaque année 250 MW avec un facteur de charge de 35%, soit 3000 heures par an en moyenne pour un total de 750 000 kWh par an.

RTE  lui garantit le raccordement au réseau, soit un investissement de 150 M€ supporté par l’usager. Le contrat précise qu’EDF lui achètera prioritairement l’électricité produite au prix garanti de 120 € du kWh, soit un montant total de 92 M€ par an.

Dans le cadre de sa proposition financière à la CRE, il a évalué le coût du MW installé en mer à 4 M€, soit un total de 250 x 4 = 1000 M€. Il a donc été retenu dans le cadre de la négociation concurrentielle.

Premier cas :

Il dispose d’une trésorerie de 200 M€, qu’il va compléter par un emprunt bancaire de 800 M€ sur 15 ans au taux de 3,5%, pour lequel il remboursera chaque année 68,6 M€. Cet emprunt lui coûtera à terme 230 M€ d’intérêts, et 5% par an de manque à gagner sur un placement de ses 200 M€ de trésorerie.

On a donc chaque année pendant 15 ans le bilan financier suivant :

Capital investi de 200 M€

Le rendement de l’investissement de 200 M€ est donc de 2% par an sur les 15 premières années, et de 36% sur les dernières années. Un véritable pactole, et l’opérateur à intérêt à faire durer le plus longtemps possible leurs éoliennes, et à négocier un contrat de 25 ans.

On voit aussi que le prix d’achat du MWh fixé à 120 € dans le décret du 21 avril 2020 permet à l’opérateur de financer le projet en toute sécurité. C’est en fait le moyen choisi par l’État pour subventionner les énergies renouvelables.

Second cas : 

L'industriel ne dispose que d'un investissement initial de 50 M€, mais au vu de la sécurité du contrat et de sa crédibilité industrielle, il obtient d'une banque un prêt de 950 M€ sur 20 ans.

Capital investi 50 M€

Si l’opérateur réussit à obtenir un prêt de 950 M€ sur 20 ans avec une mise de seulement 50 M€, il peut alors obtenir un rendement 30 % annuel sur le capital investi de 50 M€, pour la durée du contrat de 20 ans.

On voit que pour l’opérateur, ce n’est pas simplement la mise en place d’un savoir-faire technique dont on peut supposer qu’il le maîtrise, mais aussi d’un montage financier qui peut être très juteux et sans risques. 

Comparaison avec le coût du nucléaire

Dans l’état actuel de la technologie, on a vu qu'il n’est pas raisonnablement possible de stocker l’électricité en quantité suffisante pour pallier l’intermittence de l’éolien. La solution qui s’impose pour assurer la continuité du service est la construction de centrales à gaz qui ont la souplesse nécessaire, tout en dégageant moitié moins de CO2 que le charbon ou le fuel.

Si l’on ajoute au coût d’investissement de l’éolien, le coût de ces centrales à gaz, le total est du même ordre de grandeur que celui d’un EPR prototype dont le coût à explosé du fait de la perte du savoir-faire français causé par 30 ans d’atermoiements des gouvernements successifs sur le sujet du nucléaire, et aussi des erreurs de gestion de projet grossières du maître d’œuvre EDF. 

Pour ceux que ça intéresse, je vous propose de lire le rapport édifiant rédigé à la demande d'EDF par Jean-Martin Folz

Quand la décision sera enfin prise de construire les 3 paires de réacteurs EPR proposés par EDF et dont la France à besoin pour remplacer les réacteurs les plus anciens, (ceci même dans l’hypothèse d’une réduction du nucléaire à 50% prévue par la PPE) et ainsi faire face à l’électrification des usages qui permettra de réduire les émissions de CO2, on verra que le coût d’un réacteur EPR de série sera au moins divisé par 2, soit 6 milliards d’euros par réacteur, comme on l’a vu en Chine.

Par ailleurs, un EPR est conçu pour durer 60 ans, et il faut tenir compte dans le coût de l’éolien de son renouvellement tous les 20 ou 25 ans, ce qui à durée d’exploitation comparable triple son prix. Il est pour le moins malhonnête de comparer les coûts d’investissement initiaux sans prendre en compte la durée de vie de l’installation, ni les solutions de compensation (back-up) de l'intermittence des ENR.




Ce tableau démontre que le coût de l'éolien maritime adossé à des centrales à gaz compté en kWh et par an est du même ordre de grandeur que celui de l'EPR prototype de Flamanville, dont on peut raisonnablement espérer que le retour d'expérience aura appris à ses constructeurs à ne pas refaire les même erreurs, et dont le coût se série sera au moins divisé par 2, comme pour les 2 EPR construits avec la Chine.

Ce calcul démontre aussi le risque de perte de souveraineté énergétique de la France, qui devra importer du gaz au prix du marché, dont vous avez pu constater qu'il est en train d'exploser ces temps-ci, de même pour les et des métaux nécessaires à la construction des éoliennes.

Coût pour l’usager

Pour un coût moyen de la production de l’électricité de 32,20 € par MWh déclaré par RTE en 2020, l’usager EDF va payer sur cette somme un pourcentage correspondant au coût du transport par RTE et de la distribution par ENEDIS. Ce pourcentage dépend de la puissance de l’installation, notamment selon qu’on est industriel ou particulier.

Pour un abonnement individuel de 6 kVA, le coût passe de 3,22 centimes/kWh à la production, à 11,3 centimes à la distribution, soit 8,08 centimes qui représente 351% du coût de production.
Ramené en Euros par MWh, cela fait un coût de production de 32,20 € auxquels il faut ajouter 80,80 € de transport et distribution, soit 113 € du MWh en 2020.

L’usager paie également sur sa facture d’électricité différentes taxes :

· Une taxe sur la consommation finale d’électricité (TCFE) avec une TVA à 20% qui remplace l’ancienne taxe locale (TLE) et qui correspond aux parts communales et départementales.

·    Une taxe nationale désignée par le sigle CSPE, soit Contribution au Service Public d’Electricité qui est en fait la contribution de l’usager au financement des énergies renouvelables, éolien et solaire, elle-même taxée à 20% de TVA

·    Une contribution tarifaire d’acheminement (TFA) elle-même taxée à 5,5% de TVA destinée à financer le régime de retraite des salariés des industries électriques et gazières en France.

Le coût de production et d’acheminement de 113 € du MWh est ainsi encore abondé dans cet exemple de 41,6%, soit 47€ du MWh, dont 27 € pour la CSPE (23%)

Le coût de production de 32,20 € du MWh en 2020 devient sur la facture de l’usager un coût de 205 €, soit facteur multiplicatif global de 6 en comptant toutes les taxes et les taxes sur les taxes.

Pour un coût de production des éoliennes fixé à 120 €/MWh, cela correspondrait à 720 € du MWh au compteur pour l’usager, qu’il faudrait moyenner avec 420 €/MWh pour le gaz, à comparer avec 540 €/MWh pour de l’électricité nucléaire fournie par un EPR prototype qui passerait à 270 €/MWh pour un EPR de série. 

Ces chiffres certes théoriques permettent de fixer les ordres de grandeur et de comparer les coûts, car en pratique le coût du MWh pour l’usager est une moyenne calculée sur la totalité du mix électrique français.

Conclusion

En fait, quand la France construit un réacteur nucléaire, l’EDF est le Maître d’œuvre, et le financement est fait par l’État, son actionnaire principal, qui doit emprunter pour cela. Le prix de revient du MWh nucléaire est actuellement de l’ordre de 32 €, étant donné que les réacteurs français sont amortis.

Dans le cas des parcs éoliens, le financement est assuré par les opérateurs qui empruntent 80% à 95% de l’investissement, et donc l’EDF ne finance que le raccordement au réseau RTE qui est aussi garanti par contrat. Il faut alors compter environ 0,6 M€ par MW installé, soit 150 M€ pour un parc éolien de 250 MW.

Vu comme ça c’est effectivement moins cher… pour l’État, mais pas pour l’usager.

L’État serait de plus bien mieux placé pour obtenir des prêts à des taux bien plus faibles que n’importe quel industriel éolien, avide d’argent public et peu soucieux de l'environnement.

Rappelons ici qu'EDF est contraint par contrat d'acheter à tout moment, jour et nuit donc, 365 jours par an, qu'il en ait besoin ou non, la production de ces « moulins à vent » au prix moyen actuel pour l’éolien terrestre de 92,4 €/MWh les dix premières années, puis de 28 € à 82 €/MWh de la dixième à la quinzième année.

Le tarif est encore plus élevé pour l'éolien en mer (de 110 €/MWh,120 €/MWh, voire 150 € à ce jour selon les projets). De surcroît, au cours de la dernière décennie, certains contrats pour l'éolien terrestre – toujours en cours – furent signés avec une garantie de rachat supérieure à 200 €/MWh, bien entendu payée par nos factures d'électricité et les taxes qui les alourdissent. 

Sans compter qu’à la fin du contrat de 20 ans, les éoliennes seront pratiquement en fin de vie. L’État ou le propriétaire du terrain dans ce cas devra aussi financer le démantèlement… Les contrats fixent une provision de 50 000 € par éolienne pour son démantèlement, chiffre notoirement insuffisant, et qui de toutes façon sera impossible à récupérer, car les promoteurs éoliens seront tous aux abonnés absents dans 10 ou 15 ans.

Les investisseurs sont donc certains de vendre leur production à prix fixe pendant une longue période. Et comme les recettes sont garanties, ils n'ont pas besoin de mettre souvent la main à la poche et empruntent souvent sur le marché 95 % du coût de l'investissement. Les rendements de telles opérations sont de l’ordre de 30%.

Pour le collectif  Vigies de la côte des Avens

Jean-Paul Arnoul

Pour plus d'informations sur les enjeux du projet de parc éolien Groix-Belle Île, consultez notre site "Sauvons notre littoral" et profitez-en pour signer la pétition nationale.

 








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