Je vous propose cette fois de critiquer point par point cet article publié par Antoine de Ravignan sur le site « https://www.alternatives-economiques.fr/ » le 18 août 2021.
Cet article cherche à décrypter 6 "contre-vérités" énoncées par les opposants aux énergies renouvelables, et notamment Stéphane Bern. Il me parait intéressant de voir quel est ce discours de façon à se préparer à y répondre.
Dans le texte, certains passages critiquables sont surlignés en jaune, les passages vrais en vert, et mes commentaires et réactions en italiques dans le texte.
Parc éolien dans les Deux-Sèvres. Une éolienne
« rembourse » en un an l’énergie qu’a nécessitée sa fabrication,
pour une durée de fonctionnement de plus de vingt ans. |
Introduction
Mauvais bilan carbone, destruction des paysages et de la biodiversité, matériaux non recyclables… A l’approche des présidentielles, les attaques contre les énergies renouvelables, éolien en tête, s’intensifient. Au nom de la sauvegarde de l’environnement et en pratique pour préserver le statu quo. Un discours parsemé de contre-vérités et qui entretient la confusion.
« Madame Pompili, les éoliennes sont une
négation de l’écologie ! » Nous sommes le 30 mai et Le Figaro
publie sous ce titre une tribune virulente de Stéphane Bern,
animateur, journaliste, auteur, mandaté par Emmanuel Macron pour mener une
mission de sauvegarde des bâtiments historiques en péril. Sa philippique est
aussitôt accueillie par un tweet de Marine Le Pen : « Je
partage en tout point le constat alarmiste de Stéphane Bern sur l’escroquerie
des éoliennes. » Puis par un autre de Xavier Bertrand, sobre et
efficace : « Tout est dit. »
Je partage en tout point le constat alarmiste de Stéphane Bern sur l’escroquerie des éoliennes. MLPhttps://t.co/tVMa7KD9M9 — Marine Le Pen (@MLP_officiel) May 30, 2021
Tout est dit : destruction du patrimoine
naturel et bâti de la France, pollution grave de la nature, atteintes à la
biodiversité, artificialisation des sols, soutien aux énergies fossiles… Si la
ministre de l’Environnement a répondu à ces attaques, elle fut bien seule au
gouvernement.
Le lendemain, 1er juin, sortait à
grand renfort de publicité un
film, Eoliennes : du rêve aux réalités, consacré à
cette catastrophe écologique que seraient les éoliennes. Un certain succès,
avec déjà près de 250 000 vues sur YouTube début juillet. Les experts
interviewés sont tous des avocats du nucléaire et de son renouvellement en
France.
L’effondrement des coûts des renouvelables électriques et l’absence de problème technique
ou économique dirimant posé par leur intermittence commencent à jeter
sérieusement le doute sur l’intérêt de lancer la construction de six nouveaux
réacteurs rapidement après les présidentielles, comme le veulent EDF et une
majorité de la classe politique. Dans ce contexte, il est devenu essentiel de gagner la bataille de
l’opinion. La crédibilité grandissante des alternatives renouvelables étant en
train de faire de l’ombre à l’avenir du nucléaire, tous les arguments sont bons
pour dire que le déploiement des énergies ni fossiles ni fissiles (et pas
seulement l’éolien) crée plus de problèmes environnementaux qu’il n’en résout.
Décryptage de six idées reçues.
Faux : L’étude de RTE montre que le scénario que le
scénario N03 à 50% de nucléaire en 2050 fait baisser les coûts d’investissement
de 200 milliards d’euros par rapport au scénario M0 du 100% renouvelable si on
considère la totalité de la problématique (raccordement, stockage,
stabilisation du réseau, ainsi que des énergies thermiques décarbonées qui
relèvent à ce jour de la science-fiction.
Faux : Affirmer qu’il n’y a aucun obstacle technique pour
résoudre le problème de l’intermittence est assez incroyable et pour le moins
osé et de mauvaise foi.
Contre-vérité n° 1 : un maigre bilan climatique
Une croyance bien ancrée en France est que le développement de l’éolien et
du photovoltaïque se ferait au détriment du nucléaire. Ce serait donc un
investissement aussi coûteux qu’inutile, puisque nous avons déjà l’atome, qui
lui non plus n’émet pas de CO2. RTE, le gestionnaire du réseau de
transport d’électricité, a réfuté cette affirmation. La baisse constatée de la
production électronucléaire au cours des deux dernières décennies est due
principalement au vieillissement du parc nucléaire, qui impose des arrêts pour
maintenance et remise à niveau plus longs et plus fréquents, non à l’essor des
renouvelables.
Faux et incohérent : On voit aussi souvent l’argument
inverse des antinucléaires qui affirment que le développement du nucléaire se ferait au détriment du
renouvelable. Le nucléaire souffre effectivement d’un déficit de décisions
politiques pour lancer le renouvellement du parc avant de se trouver devant un
mur d’investissements. La baisse de production n’a été constatée que sur
l’année 2020, à cause de périodes de maintenance de certaines centrales qui ont
dû être retardées à cause de la pandémie.
Celui-ci a au contraire permis de réduire l’utilisation des moyens de
production thermiques (centrales à gaz, au charbon et au fioul en
France et dans les pays voisins), qui auraient été plus sollicités autrement.
Dans son bilan 2019,
RTE a chiffré à 22 millions de tonnes de CO2 par an les
émissions ainsi évitées sur
la plaque européenne. Ce n’est pas rien. A titre de comparaison,
les émissions de CO2 du mix électrique français sont de
15 Mt/an.
Faux en France : Le renouvelable ne fait réduire les
émissions de CO2 que dans un pays comme l’Allemagne qui, malgré un déploiement considérable des EnR, tire la majeure partie
de son énergie du charbon et du gaz depuis l’arrêt de leurs centrales
nucléaires. En France où l’énergie est déjà décarbonée grâce au nucléaire, cet
argument ne tient pas. La production d’électricité à partir d’énergie fossile
est très marginale en France : 38 TWh sur un total de 500 TWh en 2020, à
comparer à 50 TWh de renouvelable hors hydroélectricité, et à 340 GWh d’électricité
d’origine nucléaire en 2020 (Source RTE).
A l’horizon 2030, le développement de la
production éolienne et photovoltaïque prévue dans la programmation
pluriannuelle de l’énergie (PPE), combiné à une production nucléaire à peu
près stable (379 TWh produits en 2019 et 371 à 382 TWh envisagés en
2028), se traduirait pour
les mêmes raisons par des émissions évitées en France et chez les voisins.
Faux : le développement de l’éolien et du solaire est toujours
accompagné chez nos voisins dénucléarisés par le déploiement de centrales à
énergie fossile (charbon et gaz) afin de palier à leur intermittence.
Contre-vérité n° 2 : un gouffre énergétique
On entend dire que la fabrication d’une éolienne
ou d’un panneau photovoltaïque consomme plus d’énergie qu’ils n’en produisent. Une légende. Une éolienne
« rembourse » en un an l’énergie qu’a nécessitée sa fabrication,
pour une durée de fonctionnement de plus de
vingt ans. Pour les panneaux solaires, dont la fabrication exige
beaucoup d’énergie (il faut faire fondre et cristalliser du silicium), ce temps
de retour pouvait atteindre pas loin de dix années dans les années 1990
pour une installation sur toiture dans le sud de l’Europe. Aujourd’hui, avec
les progrès fascinants (!) dans ce secteur, c’est un peu plus d’un
an, pour un équipement produisant au moins maximum vingt-cinq ans.
Vrai : L’énergie utilisée pour la construction d’une éolienne
est effectivement récupérée sur la première année de fonctionnement, et elle
produit ensuite sur une durée de 20 ans. C’est ce qu’on appelle le taux de retour
énergétique, qui est de l’ordre de 20 pour 1 pour l’éolien, mais descend à 5
pour 1 si on compte le stockage et les productions de secours. Pour le solaire, on est entre 5 et 10.
A comparer toutefois à l’électricité hydraulique
avec des valeurs de 200 à 250 pour 1 et au nucléaire de l’ordre de 100 pour 1 avec
des réacteurs qui peuvent durer 60 ans.
Il est en revanche exact que l’empreinte carbone
« du berceau à la tombe » de ces renouvelables, c’est-à-dire leurs
émissions de CO2 rapportées à leur production sur toute leur durée
vie, fabrication et démantèlement compris, diffère peu de celle du nucléaire.
Selon les bilans
présentés par l’Ademe : 32 g de CO2 par KWh
pour le photovoltaïque, 14 g pour l’éolien et 6 g pour le nucléaire.
Cette dernière valeur est très sous-estimée car ne tenant pas compte de tout le
cycle de vie et mieux vaut retenir la valeur moyenne de 32 g donnée par une étude américaine. C’est de
toute façon très peu (1 058 g pour une centrale à charbon
et 418 g pour une centrale à gaz).
Vrai : à condition qu’on ne produise pas d’électricité avec
des centrales fossiles pour compenser l’intermittence des EnR, comme on le fait
chez nos voisins.
Contre-vérité n° 3 : ça se recycle très mal
Soren,
l’éco-organisme dédié à la collecte et au recyclage des panneaux
photovoltaïques en France, indique un taux de valorisation de 94,7 %. Et
pour cause : dans un module, les trois quarts de la masse sont du verre et
un dixième, de l’aluminium. Le silicium qui compose la cellule photovoltaïque
(environ 3 % de la masse) n’est certes pas recyclé. Mais c’est un problème
de coût : le silicium est abondant dans la nature. De façon générale, le sujet de l’approvisionnement
en ressources minières que mobilisent les renouvelables n’est pas un problème
de rareté physique.
Faux : cela dépend des matériaux considérés. Si le silicium
n’est effectivement pas rare dans la nature, ce n’est pas le cas pour des
matériaux comme le néodyme (utilisé par les éoliennes), ou dans un moindre
mesure le cuivre (nécessaire pour les bobinages et les raccordements), dont
l’extraction est très polluante dans les pays producteurs.
Pour les éoliennes, le souci du recyclage, c’est essentiellement les pales, environ 6 % de la masse. Elles sont en fibre de verre, un matériau composite qu’on ne sait pas réemployer (un constat qui s’applique à bien d’autres objets, comme les coques de bateaux de plaisance). Contrairement à certaines affirmations, les pales ne sont pas enterrées, l’enfouissement sauvage des déchets est interdit en Europe. Elles sont brûlées en incinérateur ou dans des cimenteries et fournissent de la chaleur (1). Et avec les constructeurs qui font évoluer leurs procédés, « ce problème de non-recyclabilité des pales sera derrière nous dans quelques années », indique Michel Gioria, délégué général de France énergie éolienne, le syndicat des professionnels du secteur.
Vrai : on ne sait pas bien recycler les matériaux composites,
et c’est bien dommage de les brûler. Si l’enfouissement est interdit en Europe,
il se pratique aux USA et en Afrique où les pales sont envoyées pour cela. Des
procédés de recyclage sont étudiés par différents industriels, mais rien à ce
jour qui ne soit pas hors de prix et non producteur de CO2.
Contre-vérité n° 4 : une inquiétante emprise foncière
Une éolienne, c’est une emprise au sol d’environ
100 m2, souligne encore Michel Gioria. Il y a environ
8 500 mâts en France et, selon la PPE, il y en aurait 14 000 à
la fin de la décennie : pas vraiment de quoi nuire aux activités
agricoles. Quant au fameux
socle en béton, les exploitants ont l’obligation de l’excaver en fin de service
et il finira comme remblai dans le BTP.
Faux : un budget de 50 000 € est bien prévu dans les
contrats depuis que c’est une obligation légale. D’une part, de budget est très
insuffisant pour extraire le socle en béton, et les industriels se contentent
de recouvrir le socle d’une couche de 1 ou 2 mètres de terre. D’autre part, cela
suppose que l’industriel qui a signé le contrat existe encore au moment du
démantèlement. Les agriculteurs découvrent en général très tard que ce
démantèlement est de leur responsabilité.
De leur côté, les centrales solaires au sol prennent de la place. Mais comme
le rappelle Aimé Boscq, chargé de mission à Enerplan, syndicat des entreprises
du solaire, « ce développement s’est fait jusqu’ici
essentiellement sur des terrains non valorisés : friches, anciennes
gravières ou sites pollués… La réglementation est stricte et les espaces
naturels, agricoles et forestiers, bénéficient de protections
importantes ! ».
Faux : la centrale solaire de Cestas
en Gironde inaugurée en 2015 a nécessité le défrichage de 260 hectares de
forêt landaise pour une puissance de 300 MW, sur seulement 14% du temps de production en
moyenne sur l’année. En effet, la nuit, il n’y a pas de soleil : il faut
donc charger sa voiture électrique le jour, alors qu’on en a besoin…. Et même
parfois, de jour le temps est couvert…
Selon la PPE, les 20 à 25 GW de centrales au
sol visés à la fin de la décennie, un triplement, représenteraient entre 330 et
400 km2, soit moins du millième de l’Hexagone. Selon une étude
réalisée par l’Ademe, les friches représentent un potentiel de 50 GW
d’installations solaires. « On peut donc développer le
photovoltaïque sans impacter les terres utilisées », précise
David Marchal, directeur exécutif adjoint de l’expertise et des programmes à
l’Ademe. « Toutefois, ajoute-t-il, ce calcul est un
peu théorique : il inclut beaucoup de surfaces qui n’offrent pas assez de
rentabilité pour les développeurs, car trop petites. »
Commentaire : Ces « friches » sont aussi des
réserves de biodiversité. Le solaire représente actuellement en France 10 GW répartis sur
9000 hectares. La PPE suppose que l’on doublera cette surface, soit 35
centrales identiques à celle de Cestas à construire.
Aimé Boscq le confirme : « Le stock
de friches exploitables aisément arrive à sa fin et il y a un vrai problème
d’accès au foncier pour atteindre les objectifs de la PPE. » Cela
passe par la révision d’une réglementation environnementale souvent trop
restrictive : la loi
littoral ou la loi montagne empêchent par exemple d’installer des panneaux au
sol, quand il ne manque pas de terrains désaffectés dans ces zones qui
pourraient être valorisés.
Commentaire : On voit bien que la préservation de l’environnement
est le dernier des soucis des promoteurs du solaire, quitte à faire modifier les lois
qui le protège.
Contre-vérité n° 5 : le saccage des paysages
En ce qui concerne l’impact des énergies
renouvelables sur le climat et la biodiversité, il est possible d’objectiver
les situations et de mesurer que bien des critiques, en particulier sur les
éoliennes et les centrales solaires mais aussi sur d’autres filières,
comme la
méthanisation ou le bois-énergie, sont malhonnêtes. En ce qui
concerne la « nuisance paysagère », l’argument est imparable car
subjectif. Il faut toutefois rappeler que la concentration des installations
dans certaines zones obéit très largement à des dispositions réglementaires
(procédures d’appels d’offres sans critères géographiques, larges portions du
territoire confisquées par l’armée…).
Ceci posé, il reste que « oui, les
éoliennes cela se voit. Et oui, les champs solaires, cela se voit. Mais
pourquoi ne pas nous dire que ce sont des composantes du paysage de
l’après-pétrole ? Que
voulons-nous, à la fin ? Faire disparaître les énergies fossiles de notre
bilan énergétique ou pas ? », interroge Michel Gioria, délégué de
France énergie éolienne. « L’empreinte paysagère d’un système
énergétique, ce n’est pas un phénomène très nouveau, ajoute David Marchal,
de l’Ademe. Avant la révolution industrielle, l’homme a pu
défricher des forêts, puis a fait des terrils, ou construit des barrages… Ce
n’est ni nouveau ni facilement acceptable, et tout l’enjeu c’est de faire
comprendre l’urgence et l’intérêt collectif de la transition bas carbone. Cela
implique entre autres que les collectivités y voient leur avantage et soient
partie prenante dans les projets. »
Commentaire : Ce qui n'est pas subjectif c'est que le renouvelable ne l'est pas vraiment si on considère les matériaux pour le construire, et que son exploitation produit du CO2 lorsque l'intermittence est compensée par la combustion d'énergie fossile.
Contre-vérité n° 6 : la biodiversité en danger
Des oiseaux se prennent dans les pales des
éoliennes. Mais combien ? La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a
estimé qu’une éolienne tue 0,3 à 18 oiseaux par an. C’est bien moins qu’un
chat errant, environ 60 oiseaux par an, encore selon la LPO .
S’ajoute la mortalité due aux vitres des bâtiments et aux parebrises des autos,
autrement plus importante. Et encore plus celle liée à la destruction du milieu
par l’agriculture intensive. Les exploitants de parcs n’en sont pas moins très
attentifs à ce problème et collaborent avec les collectivités et associations
locales pour réduire leur impact sur l’avifaune, par exemple avec des
dispositifs de surveillance et d’effarouchement.
Qu’en est-il des centrales solaires ? Elles
seraient plutôt des atouts pour la biodiversité. Leur sol n’est pas bétonné,
les panneaux étant installés sur des pieux. Sur d’anciennes décharges, friches
et gravières, la végétation y reprend ses droits. Certains projets, dits
agrivoltaïques, favorisent l’agriculture (une vigne mise à l’abri du gel, des
abris pour des animaux d’élevage…). La biodiversité de 77 km2
de sols préservés par des centrales au sol semble davantage préoccuper que
7 700 km2 de terres cultivées pour les agrocarburants à
grand renfort d’engrais de synthèse et de pesticides.
Commentaire : Il suffit de voir cette vidéo de la centrale de Cestas pour se
rendre compte que ça ne va pas favoriser la biodiversité.
Beaucoup plus impactante pour l’environnement,
cette autre forme d’occupation de l’espace à des fins énergétiques n’a même pas
pour elle l’avantage du rendement. En moyenne, indique David Marchal, « l’huile
tirée d’un hectare de colza fournit 15,3 MWh d’énergie primaire
par an [dont les deux tiers seront perdus dans un moteur à combustion,
NDLR], contre 1 000 à 1 300 MWh
pour un hectare équipé d’une centrale photovoltaïque. Même s’il
faut tenir compte des sous-produits, notamment les tourteaux de colza destinés
à l’alimentation animale ou les bio-intrants pour l’industrie chimique, l’écart
est énorme ». Mais pourquoi tant de haine ?
·
1.
En France, la question du recyclage commence seulement à se poser, puisque ce
n’est que maintenant que les premières éoliennes arrivent en fin de vie.
Commentaires de Jean-Paul Arnoul
Pour le Collectif Vigies de la côte des Avens
Pour plus d'informations sur les enjeux du projet éolien Bretagne Sud, consultez notre site "Sauvons notre littoral" et profitez-en pour signer la pétition nationale.
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