Avant-propos
La loi climat dans la continuité de la PPE prévoit pour baisser la part du nucléaire dans le mix électrique français de fermer 12 tranches de réacteurs de 900 MW, de la même génération que ceux de Fessenheim.
Combien d’éoliennes faudrait-il pour cela ?
On a vu dans notre article n° 3 qu’avec pas moins de 11 parcs éoliens prévus sur la côte Atlantique, pour un total de 660 éoliennes de 8 MW chacune, on peut espérer disposer de 5280 MW de puissance quand le vent souffle entre 50 et 90 km/h. Le retour d’expérience qu’on a des éoliennes danoises montre que cela se produit statistiquement 35% du temps. En fait, tout se passe en moyenne sur l’année comme si l’on avait seulement 1800 MW de puissance éolienne à 100% du temps.
Notons au passage ce chiffre de 1800 MW qui est justement la puissance des deux tranches de Fessenheim des 900 MW que l’on a arrêtées l’an dernier : soit 660 éoliennes géantes ont la même puissance que 2 tranches nucléaires.
Un petit rappel sur la notion de facteur de charge
Courbe de
puissance d’une éolienne maritime de 8 MW |
Comme on veut moins de nucléaire, qu’il n’y a pas (ou peu) de barrages hydroélectriques en Bretagne et que le charbon ou le fuel polluent, on va donc se mettre à brûler du gaz importé de Norvège, de Russie via l’Allemagne, ou encore d’Algérie, et dont le prix explose en ce moment.
Une erreur serait de penser que puisqu’on a un équivalent de 1800 MW de puissance électrique d’origine éolienne, il suffirait d’installer 3480 MW de centrales à gaz pour combler les 65% qui manquent. Malheureusement, ça ne suffira pas…
En effet, il faut comprendre que quand il n’y a pas de vent du tout, ce qui est arrivé pendant des jours dans le nord de l’Angleterre cet été, il faut en réalité être capable de compenser la totalité de la puissance électrique éolienne installée, soit les 5280 MW des 660 éoliennes de notre exercice. De même pendant les jours de tempête où la vitesse du vent est supérieure à 90 km/h, et que l’on est obligé de mettre les éoliennes en sécurité en orientant leurs pales en position neutre pour les protéger.
Le nucléaire n’étant pas assez agile pour compenser rapidement et temporairement une absence de production éolienne, on est contraint de se rabattre sur de la production thermique au gaz.
C’est pourquoi une centrale à gaz de 446 MW est en cours de construction à Landivisiau. Cette centrale pourra ainsi compenser la production d’environ 56 éoliennes maritimes les jours sans vent ou de tempête. Pour compenser un total de 660 éoliennes, il faudrait en fait construire 12 centrales à gaz de 446 MW comme celle de Landivisiau.
Pour comprendre la différence essentielle entre les 2 solutions, il faut calculer la quantité d’énergie produite sur l’année en GWh, qui permet d'évaluer la quantité de CO2 émise par chaque type d’énergie. Afin de rendre les chiffres comparables, on a supposé dans le tableau ci-dessous que les centrales à gaz ne produiront que 45% du temps, afin que le mix éoliennes plus gaz ait un facteur de charge global de 80%, équivalent à celui des centrales nucléaires.
On voit ici que la production d’un mix électrique de 660 éoliennes et de 12 centrales à gaz, permet d’obtenir une production électrique de 75 000 GWh sur l’année égale à celle de 12 tranches nucléaires de 900 MW.
La fermeture des 12 tranches de 900 MW prévue dans la PPE et leur remplacement par des éoliennes entrainerait donc l’émission de près de 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an, à comparer aux 454 tonnes émises par le nucléaire. A titre de comparaison, la totalité de CO2 émise par la France pour la totalité de la production électrique l’année 2020 est évaluée par RTE à 17 millions de tonnes.
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