J'ai attaqué la partie générale destinée aux "exécutifs" qui est un résumé, ainsi que le chapitre 4 relatif à la production d'électricité, où j'estime avoir quelque légitimité à donner mon avis..
Tout d'abord, on se demande pourquoi c'est RTE qui le distributeur d'énergie qui sort ce rapport, et non pas EDF le producteur majoritaire actuel. Il me semble qu'il aurait été de toute façon plus judicieux de confier ce travail à un panel de scientifiques indépendants et plus objectifs qui aurait pu évaluer et comparer les techniques de production d'électricité actuelles et futures, leur faisabilité, et leur intérêt en termes de réduction des émissions de CO2, puis évaluer différents scénarios basé sur différentes hypothèses d'évolution de notre économie et de nos choix de société, au lieu de proposer une fois de plus des objectifs en termes de solutions : nombre d'éoliennes, panneaux solaires, centrales nucléaires. On remarquera que la colonne émission de CO2 est absente du tableau récapitulatifs des 6 scénarios proposés ci-dessous.
De mon point de vue, même le scénario N03 qui est le plus favorable au nucléaire en 2050 n'est pas neutre en carbone si on applique les lois de la physique et non celles de la politique. Dans ce scénario, on remarquera que le total du nucléaire installé n'est que de 50 GW en 2050, alors qu'on a à ce jour 61 GW installés. Même dans ce scénario, on diminue la part du nucléaire, alors que les besoins en électricité vont exploser si on veut par ailleurs décarboner de nombreuses activités actuellement productrices de CO2, transports, industrie, etc.
Quant au scénario M0 à 100% EnR, je ne vois pas comment ça fonctionne, à moins de déployer des dizaines de centrales à gaz pour éviter les blacks out, alors qu'il est écrit dans ce même rapport que la centrale de Landivisiau sera la dernière centrales fossile construite en France.
Il est évoqué le besoins en stockage, mais non chiffrés en GWh, et surtout inaccessibles raisonnablement avec les techniques actuelles, dont on ne voit pas qu'elle vont pouvoir évoluer sérieusement du côté des batteries.
De mon point de vue, la seule technique de stockage que l'on puisse qualifier de propre, est la production d'hydrogène vert, à grande échelle, mais aussi à petite échelle. Techniquement ça reste dans les technologies où il y a encore à chercher du côté des rendements, car dans l'état actuel de nos connaissances, on ne fait pas mieux que 25% de rendement, ce qui signifie que pour une même quantité d'électricité stockée et transportable, il faut prévoir 4 fois plus de moyens de production EnR.
A retenir tout de même les scénarios d’évolution de la production d'électricité sur les années à venir, ce qui est nommé 'trajectoires dans le rapport vont selon le scénario des 550 TWh actuels stable sur les 30 années à venir, vers un maximum à 750 TWh ce qui me parait peu.
Je retiens aussi que la justification du déploiement des EnR à outrance est justifiée par leurs faibles délais de mise en œuvre, contrairement au nucléaire où le scénario est très pessimiste quant à nos capacités politiques à prendre des décisions, technique, et financière pour leur construction.
Je continue ma lecture, et je vous frai part des mes remarques au fur et à mesure.Pour le collectif Vigies de la côte des Avens.
Jean-Paul Arnoul
PS : Voir ici ce qui se passe en Espagne...
Début de paralysie industrielle en Espagne suite au prix de l’électricité
Présentation du rapport par RTE
18.10.2021
Transition énergétique
RTE publie les principaux enseignements de son étude prospective « Futurs Énergétiques 2050 ». Elle analyse les évolutions de la consommation et compare les six scénarios de systèmes électriques qui garantissent la sécurité d’approvisionnement, pour que la France dispose d’une électricité bas-carbone en 2050. Ce travail est inédit dans son ampleur et par le niveau de concertation qu’il a nécessité.
Le replay de
la conférence de presse du lundi
25 octobre 2021 est accessible sur Youtube. Bon, ça dure tout de même 2 heures.
Président du Directoire
La France doit simultanément faire face à deux défis : d’une part produire davantage d’électricité en remplacement du pétrole et du gaz fossile et, d’autre part renouveler les moyens de production nucléaire qui vont progressivement atteindre leur limite d’exploitation d’ici 2060. La question est alors : avec quelles technologies produire cette électricité totalement décarbonée ? Énergies renouvelables et/ou nouveau nucléaire et dans quelles proportions ? L’étude « Futurs énergétiques 2050 » de RTE a vocation à documenter et analyser les options de mix électriques, leurs avantages, leurs inconvénients, leurs impacts et leurs conséquences. C’est essentiel pour éclairer le débat public.
Les enseignements de l’étude
Atteindre la neutralité carbone implique une transformation de l’économie et
des modes de vie, et une restructuration du système permettant à l’électricité
de remplacer les énergies fossiles comme principale énergie du pays.
Sur la consommation
- 1) Agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, voire la sobriété est indispensable pour atteindre les objectifs climatiques ;
- 2) La consommation d’énergie va baisser mais celle d’électricité va augmenter pour se substituer aux énergies fossiles ;
- 3) Accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone de la France ;
Sur la transformation du mix électrique
- 4) Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables ;
- 5) Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires implique des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques ;
Sur l’économie
- 6) Construire de nouveaux réacteurs nucléaires est pertinent du point de vue économique, a fortiori quand cela permet de conserver un parc d’une quarantaine de GW en 2050 (nucléaire existant et nouveau nucléaire) ;
- 7) Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer ;
- 8) Les moyens de pilotage dont le système a besoin pour garantir la sécurité d’approvisionnement sont très différents selon les scénarios. Il y a un intérêt économique à accroître le pilotage de la consommation, à développer des interconnexions et du stockage hydraulique, ainsi qu’à installer des batteries pour accompagner le solaire. Au-delà, le besoin de construire de nouvelles centrales thermiques assises sur des stocks de gaz décarbonés (dont l’hydrogène) est important si la relance du nucléaire est minimale et il devient massif – donc coûteux - si l’on tend vers 100% renouvelables ;
- 9) Dans tous les scénarios, les réseaux électriques doivent être rapidement redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique ;
Sur la technologie
- 10) Créer un « système hydrogène bas-carbone » performant est un atout pour décarboner certains secteurs difficiles à électrifier, et une nécessité dans les scénarios à très fort développement en renouvelables pour stocker l’énergie ;
- 11) Les scénarios à très hautes parts d’énergies renouvelables, ou celui nécessitant la prolongation des réacteurs nucléaires existants au-delà de 60 ans, impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050 ;
- 12) La transformation du système électrique doit intégrer dès à présent les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent ;
Sur l’espace et l’environnement
- 13) Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages. Il peut s’intensifier sans exercer de pression excessive sur l’artificialisation des sols, mais doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vie ;
- 14) Même en intégrant le bilan carbone complet des infrastructures sur l’ensemble de leur cycle de vie, l’électricité en France restera très largement décarbonée et contribuera fortement à l’atteinte de la neutralité carbone en se substituant aux énergies fossiles ;
- 15) L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper ;
Généraux
- 16) Pour 2050, le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable pour la France ;
- 17) Pour 2030 : développer les énergies renouvelables matures le plus rapidement possible et prolonger les réacteurs nucléaires existants dans une logique de maximisation de la production bas-carbone augmente les chances d’atteindre la cible du nouveau paquet européen « -55% net » ;
- 18) Quel que soit le scénario choisi, il y a urgence à se mobiliser.